Le bougre

pastel fille blonde
Avec ce texte, Votre Père a obtenu le Prix du magazine "Ecrire Aujourd'hui" ...


Le bougre et l'adolescente



Comme un seul de ses cheveux blonds porté par le vent me brûle en m'effleurant,
Une pointe de son sourire cruel me transperce et fait mal.
Elle est là devant moi.

Droite et blanche, lumineuse et transparente,
Éclairée par le rêve merveilleux de sa pureté adolescente,
Elle me regarde au-delà des yeux, jusqu’au fond de l’âme.

Par dessus les éclats de sa coiffure dorée, le mystère l'auréole.
Des projets incertains, des envies inassouvies, des désirs qui peut-être n’iront pas à demain,
Font avec les peines de son enfance, une fragile harmonie d'espoirs et de chagrins.
Déjà.

Et je m'en veux d'exister, non de vivre et d'avoir fait,
Mais d'être et de l’avoir rencontrée.
Je hais l’indifférence définitive de mon inconscience,
La vie qui m'a trop endurci, les chasseurs qui m’ont poussé à chasser moi aussi,
Et mes maitres, dont les mille bienfaits m'ont fait oublier la fraicheur et la fragilité.

J'ai regardé avec fierté ma barbe et mes épines pousser.
J'ai rasé les piquants qui dehors se voyaient, mais dedans, ma friche est de ronces barbelées.
J'ai perdu la vertu et quand je l‘ai rencontrée, je ne l’ai pas reconnue.

Elle est là devant moi.
Deux perles bleues sans un pleur, sans reflet, sans douleur, sans un mot ou pouvoir m'accrocher.
Pas même un reproche, ni haine, ni révolte. 
Simplement un regret.
Blanche et droite, lumineuse et transparente, elle est devant moi.

Souriante et souillée.